J’ai une de mes modèles qui s’est fait à nouveau avoir par des parasites d’internet. Je vous avais parlé du phénomène. Des pseudos magazine qui utilisent des photos sans rien payer pour les utiliser dans des soi-disant magazine qu’ils revendent à prix d’or. Elle fait donc une publication pour expliquer qu’elle sera publiée dans une revue. Le problème, c’est que rien ne m’a été demandé par le magazine et que c’est leur boulot de le faire.
Qui est le propriétaire
Le propriétaire d’une image est habituellement celui qui a construit et pris l’image. Donc en studio par exemple, c’est souvent moi qui imagine les lumières, c’est souvent moi qui décide des paramètres de prise de vue. C’est souvent moi qui dirige le modèle, ainsi la majorité de l’originalité de la photo vient de mes choix. Je suis ainsi l’auteur de la photo. L’auteur est celui qui a ramené l’originalité à la photo. En tant qu’auteur de la photo, et sans aucun contrat signé qui cède mes droits d’exploitation, j’ai en gros tous les droits sur mon œuvre. Il faut mon accord pour l’exploiter, la divulguer, la modifier, etc. Généralement, j’explique à mes modèles qu’elles font ce qu’elles veulent avec mes photos du moment que personne ne fait de l’argent avec. Mais comme il n’y a pas de contrat, la loi me protège moi. Le contrat protège plus souvent les modèles que les photographes qui sont déjà bien protégés
Donc le modèle n’est pas propriétaire ?
Non. Pour être propriétaire, il faudrait que toute l’originalité vienne du modèle. Alors si un modèle me donnait tous les réglages à faire, le placement des lumières, le cadrage, etc.. ce serait le modèle l’auteur. Moi, je ne serai qu’un technicien qui a travaillé sous les ordres d’un maitre d’œuvre, le modèle. Et même si c’est moi qui ai appuyé sur le déclencheur à la fin, je ne serais pas l’auteur. L’auteur est celui qui a créé l’œuvre. La réalisation, ça peut être encore autre chose. Le modèle, par contre, a un droit à l’image. Mais c’est pareil, sans contrat signé, le modèle aura du mal à m’empêcher d’exploiter ses photos. Surtout si elle est venue de son plein gré, qu’elle savait à l’avance ce qu’on allait faire et que les photos ne sont pas dégradantes. En plus pour m’empêcher d’exploiter une photo il y a plus simple. Il suffit de me le demander gentiment. J’ai déjà eu le cas de modèles qui n’assume pas certaines photos qu’elles voulaient faire. Elles restent sur mon disque dur tout simplement jusqu’au jour où elles assumeront. C’est déjà arrivé
De toute façon ce n’est pas vous qui décidez
Ça je vous l’ai répété plein de fois. Contrat ou pas contrat, à partir du moment où il y a litige, il y a deux moyens de le régler, trois en prenant l’option du tueur à gage kosovar. Vous arrivez à un arrangement entre les différentes parties ou vous demandez à la justice de trancher. La justice analysera donc la situation, les contrats éventuels et décidera. Vous n’êtes pas juge, ce n’est pas à vous de décréter ce qui est légal ou pas. C’est le boulot de la justice. Et croyez-moi, les interprétations peuvent être diverses et variées. Un accord est souvent plus intéressant qu’un procès. En plus, la justice peut considérer qu’il y a des co-auteurs si l’originalité d’une photo est partagée.
Le fin mot de l’histoire
Je vois passer une publication de ma modèle disant qu’elle sera bientôt publiée. Sur la publication, je suis crédité. Enfin crédité est un grand mot puisque le compte instagram n’est pas le mien. Le magazine a dû se dire que @ouiouiphotoofficiel ça ne devait pas être le bon compte. Je contacte ma modèle pour lui dire qu’elle s’est juste fait avoir en lui mettant le lien vers mon article précédent. On en discute, je lui dis que si ça lui fait plaisir, je laisse couler, mais finalement, elle n’a plus envie d’apparaitre dans ce pseudo-magazine après avoir lu mon article. Je contacte le magazine par mail. Je ne vous mets pas le nom, car ça leur ferait de la pub à ces escrocs
OuiOuiphoto :
Bonjour. Vous n’êtes pas autorisé à utiliser cette photo. En France, les photos appartiennent à leur photographe. Je suis le photographe et je ne vous ai pas donné le droit de l’utiliser. Au passage, le compte Instagram est erroné. Si vous utilisez cette photo sur n’importe quel réseau social, je procéderai comme d’habitude. Je demanderai au réseau social de la supprimer, car les droits d’auteur ne sont pas respectés. (NDLR : je leur ai évidemment apporté la preuve que j’étais le photographe)
Le Magazine :
Merci pour votre retour, mais Monsieur, veuillez consulter le lien de soumission que mon équipe a envoyé à votre modèle avant de soumettre ces photos. Comme vous pouvez le lire, toutes les conditions générales devraient être claires. Votre modèle les a également lues. Veuillez lui demander, pas nous. (NDLR : Dans le formulaire, la personne qui soumet la photo déclare avoir l’accord de tous les ayants droits et cède le droit d’exploitation de l’image. Mais pour avoir le doit de faire cela, il faut être propriétaire de l’image )
OuiOuiphoto :
La loi est claire. En France, la photo appartient au photographe. Ainsi, vous n’êtes pas autorisé à l’utiliser sans l’accord du photographe. Car finalement, c’est vous qui l’utilisez et la publiez. Si vous souhaitez engager une action en justice contre le modèle pour une fausse déclaration, cela vous regarde, pas moi. Ces photos sont légalement à moi, et vous n’êtes pas autorisé à les utiliser.
Le Magazine :
Si la suppression des photos vous satisfait, nous les supprimerons. Nous ne souhaitons pas de problèmes inutiles.
OuiOuiphoto :
Oui, si vous supprimez les photos, je serai satisfait. Merci.
Le magazine préfère lâcher l’affaire plutôt que de se faire signaler sur les réseaux. Alors, vous allez me dire que je pourrais juste arrêter d’emmerder le monde. Je pourrais en effet. Et si ma modèle m’avait dit que finalement ça lui faisait plaisir, je n’aurais rien fait. J’aurais juste fait corriger le compte qui n’était pas le bon. Mais elle s’est rendu compte qu’elle a été bernée. En plus les gars proposent au modèle de payer, oui oui le modèle doit payer, pour être en première page. Une arnaque totale. Puis arrêter d’emmerder le monde, en étant français, ce n’est pas possible
Tu aimes ce que je fais et tu trouves mes articles utiles. Participe à l’achat de matériel ou de services en rapport avec la photographie pour que je fasse encore plus d’articles ? Fais-toi plaisir !
Bonjour,
Une législation difficile à faire comprendre et à faire respecter.
Malheureusement, beaucoup trop de photographe se font voler leur travail.
Merci pour cet article
Qui est propriétaire de la photo au Kosovo? Juste pour savoir…… Faire payer les modèles pour la publication, les rats!