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Jusqu’où peut-on aller dans la modification de nos modèles

Un modèle me montrait récemment les photos qu’elle avait faites avec un autre photographe, en se plaignant qu’il lui avait botoxé les lèvres et lui avait fait une bouche trop pulpeuse. « Oh, le nul. Ça ne se fait pas ça. » À part que, dernièrement, j’ai appris qu’un modèle n’avait finalement pas trop apprécié les résultats que j’avais livrés, car elle trouvait que je l’avais trop modifié. « Oh, le nul. Ça ne se fait pas ça. » Ah merde, on parle de moi, là. Allez, on va analyser un peu le truc.

Une personne ou un modèle

Qui représente-t-on quand on fait une photo ? Comme j’explique souvent à mes modèles pour qu’elles se libèrent, je ne suis pas en train de les photographier elles, mais je photographie un modèle qui pose. Donc, quand je lui demande de se déhancher un maximum, de se cambrer un maximum, c’est dans le cadre d’une mise en scène. Ce n’est pas pour faire sa photo de profil sur LinkedIn. Je conseille souvent à mes modèles débutantes de s’ouvrir un compte de modèle sur Insta pour ne pas mélanger leur activité photographique et leur vie privée. Car les photos qu’elles font en tant que modèle ne les représentent pas. En plus en studio, on peut avoir une ou un MUA (Make-up artist) et le maquillage peut changer beaucoup la tête d’une personne.

On va aussi utiliser des lumières qui vont permettre de mettre en valeur une partie du corps du modèle et, au contraire, en cacher une autre. On peut ensuite considérer que la photo est une finalité et donc on n’y touche plus. Ou, au contraire, considérer que la photo n’est qu’une étape d’un processus créatif plus large et que le post-traitement fait partie intégrante de ce processus. Personnellement, je ne fournis à mes modèles que des photos post-traitées. Je considère que cela fait partie intégrante de mon travail. J’essaie de mettre en beauté mes modèles tout en respectant leur image. Si je remarque des petites « imperfections », je demande à mon modèle si elle veut ou pas que je les retire. Certaines me demandent de retirer des choses ou, au contraire, d’en garder. C’est assez variable.

L’image de la femme

J’ai dû faire différents articles déjà sur le sujet. Alors oui, on peut trouver rétrograde qu’une femme ressente le besoin de se mettre plus en valeur qu’elle ne l’est dans la réalité. Qui est-on pour décider qu’elle est belle ou pas, qu’elle doit perdre du poids ou pas, qu’elle doit maquiller ses petites rides ou pas ? On peut mettre cela sur le dos d’un système patriarcal. Je pourrais donc refuser de les photographier, de les mettre en valeur et simplement leur dire qu’elles n’ont pas besoin de cela. On peut considérer qu’en les photographiant, en essayant ensuite de les mettre le plus possible en beauté, je participe à ce système patriarcal. On peut. Mais dans la réalité, sauf exception, elles ressortent de chez moi plus en confiance. Ça leur permet de passer un cap. Et si on fait d’autres séances, elles sont plus libérées et se concentrent plus sur l’aspect artistique et créatif de la photo que sur leurs défauts. Donc, j’arrive à leur faire oublier ce qu’elles considèrent à tort leurs défauts.

Bon, on corrige quoi alors ?

On peut corriger ce qu’un MUA aurait corrigé. Les boutons par exemple. Les boutons, ça peut venir de plein de choses : un peu grasse, une période hormonale, le stress. C’est très variable. Il y a des modèles qui en ont et d’autres moins. C’est variable aussi en fonction des âges. Perso, je corrige tout ce qui n’est pas très bien défini et qui boursoufle. Donc là, par exemple, je corrige les boutons temporaires et laisse le grain de beauté bien dessiné à côté de l’œil.

Ensuite, souvent un MUA va s’occuper des cernes. Donc on peut aussi s’en occuper en post-traitement. Il faut faire attention de ne s’occuper que des cernes et pas des petites rides sous les yeux. Car si on ne laisse pas ces petites rides, ça fait très rapidement artificiel. Les cernes peuvent venir de l’état de fatigue du modèle, mais aussi de votre éclairage qui les fait ressortir. Avec un éclairage doux et clair, il y aura moins de cernes.

Ensuite, on peut corriger tout ce qui est lié aux vêtements ou sous-vêtements et qui ne serait pas là si les vêtements étaient à la bonne taille. Le nombre de modèles qui viennent avec des sous-vêtements trop serrés. Plus les sous-vêtements sont petits, plus ils ont tendance à créer des bourrelets, ce qui n’arrive pas si les sous-vêtements sont à la bonne taille.

Il y a aussi tout ce que j’appellerai la chirurgie réparatrice. Mais ça, souvent, on en a discuté avec le modèle avant. J’ai des modèles qui ont dû faire des abdominoplasties qui provoquent une grande cicatrice sur tout le ventre et qui ne veulent pas la voir. Les grossesses aussi, pour certaines, ont laissé des marques comme des vergetures qu’elles ne veulent pas voir. Et, au contraire, j’ai des modèles qui veulent garder ces traces, car c’est leur histoire.

Et on peut aussi avoir la recherche de la courbe parfaite, dans le cadre d’une œuvre plus graphique. Donc, dans ce cas-là, c’est open bar. Il n’y a pas de limites. Le modèle est considéré comme une ébauche du résultat final, et on modifie ensuite en post-traitement pour arriver exactement au résultat souhaité. Je vous laisse jouer au jeu des 7 erreurs.

Conclusion

Souvent, je fais le tri avec mes modèles et je leur montre le type de retouche que je fais. Comme ça, on peut en discuter. Mais il faudra que je passe plus de temps là-dessus quand c’est un nouveau modèle. Moi, perso, je fais de la photo pour que mes modèles ressortent de chez moi contentes du résultat et fières de ce qu’elles ont pu faire. Et si ce n’est pas le cas, c’est que j’ai loupé mon coup. Ça peut arriver. On est tous perfectibles. Enfin, surtout les autres…..

Le pot commun

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4 Comments

  1. Très bon article mais là pour le coup j’aurais aimé que tu nous montres comment tu as réussi à faire disparaitre les boutons (1ère photo) et les cernes (2ème photo).

    • Bonjour. J’ai du en faire des vidéos de retouche ou je fais ca 😉 C’est fait avec PS. Il y a différentes méthodes possibles. Tampon, outils, pièces, outil correcteur, split fequency et même maintenant l’IA. Et pour les rougeurs à mon avis bientôt, on aura plus besoin de PS 😉

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