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Flashmètre. Indispensable ou Inutile ?

Le flashmètre c’est le genre de truc marrant à lancer comme sujet de discussion avec des photographes, car certains trouvent cela totalement indispensable et d’autres totalement inutile et ça commence à se parler technique, exposition, IL, format RAW, codage du RAW alors que le plus important c’est le résultat sur la photo non ?

Pourquoi cet article

J’ai eu envie d’écrire cet article suite a une discussion sur le groupe Facebook Godox Francophone (que j’ai quitté depuis car j’ai trouvé d’autres groupes plus inspirants) ou comme d’habitude lorsque vous lancez une discussion sur le flashmètre vous avez certains possesseurs de flashmètre qui vous expliquent que « Travailler en studio sans flashmètre est un non sens absolu ». Lorsque l’on voit leur photo on peut douter de l’intérêt du flashmètre 😀 heureusement que d’autres ont l’air de la maîtriser un peu plus

Ça sert à quoi un flashmètre ?

Je ne vais pas vous faire un court complet sur le sujet, il y a plein de tutos sur YouTube de gens qui ne savent pas l’utiliser et qui s’emmêle les pinceaux 😀 . C’est un appareil de mesure. Ça mesure une lumière et cela vous donne un réglage à faire sur votre appareil photo pour avoir une bonne exposition. Ni plus ni moins. Ça peut mesurer différents types de lumière et vous donner différents types de réglages, mais ça reste un outil de mesure.

Donc vous fixez par exemple les ISOs et la vitesse et le flashmètre vous donnera la bonne ouverture en fonction des conditions de lumière pour avoir une bonne exposition.

C’est quoi une bonne exposition ?

Après plein d’études sur le sujet, il a été décidé qu’il existait une exposition idéale, quel que soit le sujet photographié. Vous entendrez parler de gris neutre moyen à 18%. Donc votre flashmètre va mesurer la lumière et va calculer le bon réglage par rapport à cette exposition idéale théorique. Donc la, déjà, deux écoles s’affrontent. Ceux qui croient à l’exposition idéale et ceux qui n’y croient pas.

C’est important d’avoir une bonne exposition ?

À l’époque de l’argentique oui. Pour les plus jeunes c’est un truc, un film, que l’on mettait dans l’appareil photo, on prenait la photo, on ne voyait pas le résultat et il fallait aller dans un magasin pour pouvoir, quelques jours après, récupérer ses photos et constater qu’elles étaient trop claires ou trop sombres. Aujourd’hui si une photo est trop claire ou trop sombre on corrige cela dans Lightroom en quelques secondes et même automatiquement. Les temps changent 😉

Un film et un capteur aujourd’hui ça a plus ou moins la même dynamique. Mais dans la conservation des détails, un film résistait mieux à la surexposition alors qu’un capteur lui résiste mieux à la sous-exposition. Avec un capteur si on surexpose on se retrouve avec des zones cramées qui ne sont pas récupérables alors que si on sous-expose on arrivera à remonter l’exposition et il y aura juste un peu plus de bruit dans certains cas et encore. Donc là, à nouveau il y a ceux qui sont persuadés qu’il est super important de bien exposer voir d’exposer à droite pour avoir le maximum de détails dans sa photo et les autres qui disent que de toute façon visuellement ce n’est pas visible. Moi je vous ai déjà parlé de cela dans cet article.

Et dans la vraie vie, ça change quoi

Alors, prenons un exemple pour un portrait au flash avec un seul flash. Avec flashmètre il y a deux écoles.

La première école, qui pour moi est étonnante,  c’est de fixer la puissance de son flash et d’adapter l’ouverture de son appareil en fonction. Donc on fixe la puissance de son flash à 1/4 par exemple (1er réglage), car ça permet d’économiser les piles et d’avoir un temps de rechargement pas trop long il parait. On se met à 100isos sur l’appareil (2eme réglage) et sur le flashmètre (3eme réglage). On se met à 1/200s sur l’appareil photo (4eme réglage) et sur le flashmètre (5eme réglage), car c’est la vitesse de synchro flash.

On fait une mesure de lumière avec le flashmètre (première mesure) en déclenchant le flash, le flashmètre dit qu’il faut se mettre à F/11 on se met à F/11 sur l’appareil (6eme réglage) et le portrait est dans la boîte bien exposée. Enfin, disons exposé par rapport à ce qui est considéré comme une bonne exposition. 6 réglages, une mesure

La deuxième école c’est de fixer l’ouverture, car on veut une ouverture particulière pour un résultat artistique avec une profondeur de champ faible par exemple. Donc on fixe la puissance de son flash à 1/4 par exemple (1er réglage), car il faut bien commencer par une valeur. On se met à 100isos sur l’appareil (2eme réglage) et sur le flashmètre (3eme réglage). On se met à 1/200s sur l’appareil photo (4eme réglage) et sur le flashmètre (5eme réglage), car c’est la vitesse de synchro flash.

On fait une mesure de lumière avec le flashmètre en déclenchant le flash (1ere mesure), le flashmètre dit qu’il faut se mettre à F/11. Oui, mais on veut F/2,8. Donc on va baisser la puissance de son flash (6eme réglage). De combien. Ça peut se calculer, mais il y a des racines carrées, ou on peut avoir mémorisé l’exposition en fonction de l’ouverture, et comme on a un flashmètre en main on le fait au pif et on remesure (2eme mesure). Là ça dit F/3,2. On n’est pas loin on baisse encore un peu (7eme réglage) et là ça donne F/2,8 (3eme mesure). C’est bon on peut y aller. 7 réglages et 3 mesures

Et sans flashmètre ça donnerait quoi ?

Pour la première école qui est de fixer la puissance de son flash et d’adapter l’ouverture de son appareil. Donc on fixe la puissance de son flash à 1/4 par exemple (1er réglage). On se met à 100isos sur l’appareil (2eme réglage) on se met à 1/200s sur l’appareil photo (3eme réglage). On se met à F/5,6 (4eme réglage) histoire de commencer par une valeur. On fait une photo (1ere mesure). L’écran arrière de l’appareil montre que la photo est surexposée et des zones clignotent pour montrer qu’il y a des zones cramées.

On monte l’ouverture à F/8(5eme réglage). On refait une photo (2eme mesure). C’est encore sur exposé. On monte à F/11 (6eme réglage). Ça a l’air bien (3eme mesure) et on commence la séance. 6 réglages et 3 mesures

Pour la deuxième école qui est de fixer l’ouverture, car on veut une ouverture particulière pour un résultat artistique avec une profondeur de champ faible par exemple. Donc on fixe la puissance de son flash à 1/4 par exemple (premier réglage), car il faut bien commencer par une valeur. On se met à 100isos sur l’appareil (2eme réglage). On se met à 1/200s sur l’appareil photo (3eme réglage), car c’est la vitesse de synchro flash. On se met à F/2,8 (4eme réglage), car c’est ce résultat visuel que l’on cherche.

On fait une photo. (Première mesure) L’écran arrière de l’appareil montre que la photo est surexposée et des zones clignotent pour montrer qu’il y a des zones cramées. On baisse la puissance du flash (5eme réglage). On refait une photo (2eme mesure). C’est encore sur exposé. On la rebaisse encore un peu (7eme réglage). Ça a l’air bien (3eme mesure) et on commence la séance. 6 réglages et 3 mesures

La différence entre les réglages et les mesures n’est pas énorme. Avec le flashmètre il faut aller en permanence près du modèle pour faire la mesure (attention à la proxémie) et dans l’autre on est déjà à la bonne place pour photographier.

Et si on a plusieurs flashs

Je ne vais pas vous refaire la comparaison du nombre de réglage et de mesures, mais disons qu’avec un flashmètre vous allez pouvoir précisément définir la puissance de chaque flash sur le sujet. Donc par exemple vous aller pourvoir facilement régler le deuxième flash a -2IL par rapport au premier. Mais pourquoi -2IL. Pourquoi pas -1,8 ou -2,2 ? Simplement, car vous appliquez une recette de cuisine. Vous savez que dans une certaine configuration le résultat sera sympa si le deuxième flash est a -2IL par rapport au premier.

Sans flashmètre vous ne pourrez pas régler précisément la puissance d’un flash par rapport à un autre par rapport au sujet. Ce réglage sera empirique et le résultat sera visuel. Par contre une fois que vous avez votre résultat vous pouvez tout à fait le reproduire si vous mémoriser votre set et les distances entre les flashs et le sujet.

Je ferais une comparaison avec la cuisine. Vous savez que pour faire un rôti de bœuf d’un kilo saignant il faut mettre le four à 200° et qu’il faut ensuite faire cuire le rôti 30 minutes. C’est le résultat de vos essais. Ça, c’est la méthode empirique. L’autre solution c’est que vous savez qu’il faut mettre le four aux alentours de 200°, ensuite vous mettez une sonde de température qui arrive dans le cœur du rôti et lorsque la température arrive à 55° c’est que votre rôti est cuit et saignant. Ça c’est la méthode flashmètre

Conclusion.

Le flashmètre c’est un outil. Ce n’est pas un dogme. Et comme pour tout outil il faut apprendre à s’en servir et comme pour tout outil il n’est pas forcement indispensable. Celui qui utilise le flashmètre se base sur ce que lui dit son outil. Celui qui ne l’utilise pas se base sur un autre outil. L’écran de son appareil photo, sa vue et éventuellement un mètre pour mesurer la distance entre le sujet et les flashs. Alors oui le flashmètre est plus précis, mais cette précision n’est pas forcément indispensable. Le flashmètre n’est pas la garantie d’une belle photo. Il est juste la garantie du respect d’une certaine exposition soit disant idéale

Donc celui qui affirme que c’est indispensable il a tort et celui qui affirme que c’est inutile il a tort aussi. Et moi j’en pense quoi ? Si j’étais un pro à faire de la photo scolaire ou du pack-shot toute la journée alors oui j’achèterais un flashmètre. Mais ne suis pas un pro et le fait même de peaufiner un résultat par un processus dichotomique visuel me plaît bien. Donc je n’achèterais pas de flashmètre. En plus ça coûte un bras ces trucs. Maintenant si vous insistez en mettant plein de pognon sur ma cagnotte pour que je fasse un test ou si Sekonic m’offre un Speedmaster L-858D on pourra en rediscuter….

Smiley

Le pot commun

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24 Comments

  1. Aaah, les bonnes discussions sur les posemetres…sinon il y a une solution plus simple..
    Passer à l’éclairage continu. Fini le temps de l’incandescence où l’on passait allègrement les 40 degrés en studio et où l’on pompait la moitié de la production électrique du bled…vive les Leds. Un p’tit coup de gossekonic, 2 réglages et zou, ça bosse! Mais ça n’engage que moi bien sûr, qui ai toujours eu une aversion transphotocutanée pour ces saloperies excellent exposé cependant

  2. Il faut penser aux modèles !! L’intérêt d’un flashmetre et là où il prends son sens cnest quand tu dois photographier un model ! Pourquoi ?

    -1 que ça soit un model pro ou une séance photo famille, enfants… tu peux préparer ton set up avant que ton model arrive tu n’a absolument pas besoin de ton model pour ça ( a condition de savoir ce que tu vas faire bien entendu )

    -2 là lecture sur écran de l’appareil photo est loin tres loin même d’être juste ! Et c’est valable sur tout les écrans à moins d’avoir un écran parfaitement calibré mais pour ça il faudrait acheter un outil permettant de le calibrer afin d’avoir un rendu correcte et là encore tu pourrais tenir le même discourt que pour le flashmetre c’est un outil mais qui a dit que cet outil a raison sur la calibration et donc le bon rendu sur écran bla bla bla

    Donc à moins de photographier des statues en studio le flashmetre n’est pas indispensable mais si il peu faire gagner du temps et éviter au model de subir 10 photos test avant de commencer le shooting rien que pour ça ça vaut la peine d’investir ! Les moins chère se trouve aux alentour de 150/200 euros pas le nirvâna

    • Perso je prépare mes séances avec un soft dédié donc je connais la valeur de mes flashs avant de commencer. Mon modèle se prend donc peut de tests. Mais c’est une sorte de Flashmètre virtuel 😉

  3. Article d’olivier chauvignat

    Fausse donnée : « En numérique, on n’a plus besoin de Flashmètre »

    Le seul moyen d’avoir une mesure exacte, est de mesurer en lumière incidente au flashmètre (lumière flash), ou au posemètre, dans le cas de la lumière continue (naturelle ou artificielle)

    Alors que le flashmètre mesure la lumière incidente (celle qui arrive sur le sujet), la mesure réfléchie (celle utilisée par la cellule intégrée à l’appareil) dépend de la réflectance du sujet. Elle est donc fluctuante : le résultat de la mesure est différent, selon que le sujet réfléchit peu ou beaucoup, alors que la lumière elle, est restée la même.

    On utilisera donc le flashmêtre, dans tous les cas ou c’est réalisable.

    Par ailleurs, l’histogramme « ne dit pas tout » :
    L’histogramme donne une vue globale de la scène, pas du sujet. Impossible de connaitre la quantité de lumière recue par le sujet.
    L’histogramme donne une vue globale de la scène en lumière réfléchie. Cela veut dire que les information d’exposition de la scène changent avec la réflectance du sujet. Or l’exposition doit être la même quelque soit le sujet photographié (sinon cela conduit a des erreurs d’exposition)

    j’ai mis l’essentiel car il y a encore 20 lignes d’explications

    • Comme Olivier est un adepte de la « Bonne » exposition et qu’il expose plutôt a droite, Oui, il utilise un flashmètre et il a raison de le faire car ca lui permet d’arriver au résultat qu’il souhaite

  4. Dialogue de forum (à peine inventé)
    – Mesure au flashmetre uniquement, en lumière incidente uniquement, optimisation à +1,33IL systématiquement! Hors de celà, point de Salut!

    – Euh… et pourquoi donc?

    – Parce que c’est marqué dans le Grand Livre! Hérétique!!! Au bûcher!!!

    Merci de ce post qui m’aura permis de re-rire une nouvelle fois sur ce sujet!

  5. Merci Oui oui. J’étais, je pense à l’origine du post sur le groupe godox. Déçu que vous soyez parti. J’ai acheté un sekonic car c’était une bonne occasion (1/3 du prix). Il me sert uniquement pour l’exposition principal de mon sujet car j’éprouvais des difficultés à voir sur mon écran si ma photo était correctement exposée. Même si ce correctement est à l’appréciation de chacun, j’en conviens. Pour les autres flash, j’applique la recette de cuisine.
    Comme vous dites ce n’est pas indispensable. Maintenant, comme tout gamin quand on a un nouveau jouet, on s’en sert. Cela m’a donné l’envie de faire un shooting de madame :-).
    Bien à vous.
    Je vais verser une petite pièces sur votre compte 🙂

  6. Ah oui mais non, à moins que… Faut peut-être que j’en achète un finalement, ça me donnera un prétexte pour me rapprocher de mes modèles.
    Excellent article, comme d’habitude. J’ai bien rigolé.

  7. Moi, je dis que quand on a des moyens financiers non illimités, on a plein de trucs plus utiles dans un sac photos à acheter !

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