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Payant, gratuit, et concurrence déloyale. Le fight !

Ohhh. Un article surprise 😉 Aujourd’hui je vous présente une interview croisée avec Mickaël Bonnami. Mickaël est un photographe de talent et il se présentera plus bas. Il tient un blog avec des articles intéressants. C’est un des seuls blogs photo que je dois suivre régulièrement.

Je suis, la plupart du temps, d’accord avec lui et lorsque je ne le suis pas nos échanges sont toujours très intéressants. Je n’ai pas eu encore la chance de le rencontrer I.R.L, mais si je ne suis pas loin de chez lui un jour je ferais le détour pour échanger autour d’une bonne bière.

Lors d’un récent article, Mickaël évoquait la concurrence déloyale de certaines prestations gratuites. Comme le gratuit c’est un peu mon truc 😉 je lui ai proposé une interview croisée pour échanger sur le sujet. J’espère que cela vous plaira.

Aller lire cet article aussi sur son blog car l’introduction et la conclusion seront celles de Mickaël

Présentations

Mickaël Bonnami

J’aime la photo depuis tout petit, mais c’est vraiment le numérique qui m’a révélé et autorisé à explorer cette passion de la photo. J’ai commencé par la photo de sport, puis je me suis ouvert à de nombreux domaines photographiques. Je suis vraiment curieux de nature. Rapidement, j’ai voulu partager ma passion et mon savoir, alors j’ai créé un blog et un forum sur la photo en 2007( les 2 sont toujours actifs).

Ma progression en photo m’a amené à devenir professionnel en 2008, en parallèle de mon travail dans le domaine de l’industrie..Non pas parce que c’était une réelle volonté de ma part, bien que j’en rêvais, mais des personnes et des entreprises voulaient m’acheter des photos et il me fallait trouver un moyen de le faire légalement.

Hors de question de travailler au noir ou de faire de la concurrence déloyale aux autres photographes.
Aujourd’hui, je vis de la photo, du moins c’est le but, parce qu’être indépendant n’est pas de tout repos…
Je suis formateur photo avec VP23 à plein temps depuis 2018 et toujours photographe pro, même si ça reste encore une activité annexe. Je suis aussi télépilote de drone professionnel.

Bref, je fais pas mal de choses, mais j’essaye de faire ça bien. 🙂

OuiOuiPhoto

Youtubeur et blogueur depuis 10 ans, je fournis depuis 2014 gratuitement des formations sur Lightroom, Photoshop en petits épisodes de 15 minutes. J’ai également un forum, des groupes Facebook ou j’essaye d’aider, toujours gratuitement, le plus d’utilisateurs en perdition sur des sujets photographiques. Je ne monétise pas mes activités photographiques que je réalise sur mon temps de loisir. Donc il n’y a pas de pub chez moi et sur YouTube la monétisation est désactivée. Si quelqu’un veut me remercier financièrement il peut le faire sur une cagnotte qui depuis son ouverture en 2018 a dû me rapporter 3500€

J’ai aussi chez moi un studio photo et je travaille avec mes modèles en collaboration. Elles ne me payent pas et je ne les paye pas.

Je ne considère pas être un concurrent déloyal de ceux qui vendent des formations photo ni de ceux qui vendent des prestations pour faire des books de modèle

Le fight


Round 1 – Prise en quatre

Question de OuiOuiPhoto : Dans un de tes derniers articles sur l’éthique en photographie tu écrivais « Le photographe qui propose ses services gratuitement ou fait de la concurrence déloyale, quelque part il ne respecte pas son propre travail ». Peux-tu nous en dire plus ?


Réponse de Mickaël : Même si ça part souvent d’un bon sentiment, je pense que lorsque l’on commence à « professionnaliser » son activité photo, il faut aborder cette fâcheuse question du coût de ce travail. Même si on se sent amateur dans l’âme, à partir du moment où on propose du service ou de la prestation, il faut se faire payer.

Quand ce n’est pas le cas, que l’on soit amateur ou pro finalement, c’est qu’on estime que son travail peut valoir 0€. Ce qui donne un mauvais signal aux clients ou à toutes les personnes qui vont se rendre compte qu’en fait on peut avoir des photos et/ou des services de photographe pour 0€.

Donc en gros la photo ça ne vaut rien et quand on accepte cette situation pendant un certain temps, on dévalorise forcément le travail des photographes, à commencer par son propre travail. Si ton boulanger te file gratuitement du pain, tu vas forcément te dire que celui qui te le vend à 1€ se moque bien de toi en réalité.

Certaines personnes s’enfoncent aussi dans cette situation parce que c’est finalement assez confortable. Quand on donne ses photos, on a rarement à faire à des clients mécontents. Quand on les vend, il y a plus de stress et une vraie exigence de résultat et ce n’est pas toujours une chose aisée à vivre.


Round 2 – Souplesse arrière

Question de Mickaël : Quel est l’intérêt de professionnaliser son approche de la photo et de la formation photo pour offrir ces services gratuitement ?


Réponse de OuiOuiPhoto : Pour moi ce qui fait la différence entre un pro et un amateur c’est que le pro tire des revenus de l’activité. Donc lorsque l’on professionnalise son approche c’est pour en tirer des revenus. Quel serait l’intérêt d’offrir gratuitement un service alors que l’on veut en tirer des revenus ? 

Il y a une raison à cela et c’est la raison utilisée par énormément de monde. C’est un investissement en espérant un retour sur investissement. L’objectif étant d’attirer du monde en espérant qu’ensuite on puisse lui vendre des prestations.

On va retrouver cela sur des plateformes comme flickr ou IFTTT qui sont passées d’un gratuit “Large” a un gratuit “Limité” en espérant attirer ceux qui avaient mordu à l’hameçon vers les services payants.  Un photographe, pour s’implanter, peut envisager de faire la même chose pour des clients qui augmenteront sa visibilité.


Round 3 – Saut chassé

Question de OuiOuiPhoto : Quelle est pour toi la définition d’un pro ou d’une professionnalisation ? La démarche commerciale, la qualité du travail, la visibilité du travail, la valeur ajoutée apportée, etc..


Réponse de Mickaël : Selon moi, à partir du moment où tu proposes un service qui serait payant chez un photographe pro, tu as une démarche professionnelle et donc logiquement il faut en tirer un revenu au risque d’être dans une sorte de démarche ambiguë qui peut créer de la concurrence déloyale.

La qualité du travail n’influe pas plus que ça. Bien sûr si tu es archi mauvais, tu pourras difficilement vendre quoi que ce soit. Mais la qualité c’est subjectif et bien des clients ne feront pas forcément la différence entre une bonne photo et une excellente photo, donc on ne devient pas pro à partir de tel ou tel niveau en photo. On le devient à partir du moment où on propose des choses vendables, au sens large du terme.

Pour ce qui est de la valeur ajoutée, là ce sera la différence à faire entre un photographe lambda et un excellent photographe. Pour espérer vivre de cette activité, il faut vraiment faire en sorte de se démarquer, ce qui est très compliqué vu l’offre amateur et/ou gratuite qui existe justement. 


Round 4 – Manchette à l’européenne

Question de Mickaël : Penses-tu qu’il soit réellement possible de passer du tout gratuit au payant en tant que photographe et/ou formateur photo ?


Réponse de OuiOuiPhoto : Difficilement. Déjà il faut définir ce qu’est le gratuit. Pour la formation par exemple, ce qui est gratuit pour le client peut ramener un revenu via des plateformes comme YouTube. Et pour moi, ça rapporte des revenus et donc ce n’est pas gratuit. 

Ensuite passer du gratuit au payant demande de maîtriser toute la partie commerciale d’un métier. La prospection, la négociation, les devis, la facturation, etc. Être capable de définir son business model, son seuil de rentabilité, et ça, beaucoup ne sont pas capables de le faire et vont se planter en essayant de passer du gratuit au payant.

Passer du gratuit au payant va aussi demander de gérer la communauté gratuite, comment la fidéliser et en faire passer une partie au payant.

Donc je ne pense pas qu’il soit facile de passer du gratuit au payant. Et si personnellement je voulais le faire, je changerais d’identité. Je ne basculerais pas du gratuit au payant. J’arrêterais le gratuit et je ne ferais que du payant sous une autre « Marque » et avec un autre concept plus sur mesure.  


Round 5 – Enfourchement

Question de OuiOuiPhoto : Par rapport à ta dernière remarque sur l’ambiguïté de fournir gratuitement une prestation ou un service qui est vendu par d’autres, estimes-tu qu’une personne qui fournit gratuitement une formation structurée sur Lightroom et Photoshop, et qui répond gratuitement aux questions fait de la concurrence déloyale aux formateurs photo professionnels par exemple ?   


Réponse de Mickaël : Foncièrement oui malheureusement. Ce n’est pas une concurrence directe, ciblée et volontairement déloyale, mais le gratuit et l’indication que quelque chose vaut 0€ font beaucoup de mal aux personnes qui veulent en vivre. Celles et ceux qui passent du gratuit au payant en font souvent violemment les frais.

Je connais des photographes qui travaillaient gratos pour des clubs de sport et le jour où ils ont voulu se faire payer, on leur a fait comprendre que la qualité du travail n’était pas là ou ne méritait pas ces montants. Alors que ces mêmes photos gratos étaient auparavant décrites comme exceptionnelles. 

En fait, donner des choses, même s’il peut y avoir une rétribution indirecte comme des revenus pub ou YouTube, ça reste un geste qui pénalise forcément. C’est finalement dans l’air du temps et la fameuse ubérisation de la société. Le jour où des journaux gratuits sont sortis, les autres ont perdu beaucoup de lecteurs et je ne pense pas que ce soit une bonne chose. 

Après, moi qui fait des formations en présentiel (et aussi en visio) payantes, c’est à moi aussi de me démarquer du gratuit proposé ailleurs. Parce que généralement il y a un engagement de ma part plus prononcé que les formations gratuites, qui sont la plupart du temps en ligne et sans la présence du formateur. Mais si demain seulement quelques personnes en France font exactement ce que je fais, mais pour 0€, c’est clair que mon activité ne pourra pas perdurer.

Après répondre gratuitement à des questions ce n’est pas forcément un travail, sauf si on demande volontairement aux gens de poser des questions photo pour y répondre. Moi aussi et encore aujourd’hui, je réponds à toutes les personnes qui me questionnent par mail. Maintenant si c’est complexe et que ça prend du temps, je les guide vers des forfaits accompagnement que je propose, pour que justement ce que je considère comme un vrai travail ne soit pas bénévole, mais rémunéré.


Round 6 – Coup de boule

Question de Mickaël : Penses-tu que pour le passage du gratuit au payant la problématique soit seulement une question commerciale ? Le souci ne sera-t-il pas plutôt psychologique pour le photographe/formateur et/ou ses clients ?


Réponse de OuiOuiPhoto : Oui en effet c’est une problématique multiple. Celui qui fait du gratuit avec des “clients” potentiels va avoir du mal à les ramener au payant. Comme tu l’as dit plus haut le “client” va en vouloir plus puisqu’avant, c’était gratuit. Donc il va être très difficile de faire passer un “client” du gratuit au payant. Ensuite d’une manière générale il faut bien voir ce qu’est un client potentiel .

Une personne qui ne veut pas payer 1000€ pour un photographe de mariage et qui choisit une prestation en dessous de table, sans garantie et sans contrat à 250 euros avec un amateur qui veut arrondir ses fins de mois n’est juste pas un client pour celui qui vend sa prestation 1000€. Mais ça c’est ma définition 😉

Ensuite si c’est lié à la psychologie du photographe/formateur c’est juste qu’il n’est pas prêt à faire du payant. On fait du payant ou on n’en fait pas. Ça peut être par conviction, par peur, par mésestime de soi, par incompétence, par fainéantise, etc., etc. Mais si on veut vendre une prestation, il faut convaincre le client que c’est la prestation dont il a besoin et que le prix est justifié. Je vois très souvent sur internet des questions de style. “Je peux vendre combien telle photo ou telle prestation ?” Lorsque l’on se lance dans un métier, il faut connaître les codes. Donc celui qui se lance en amateur restera un amateur. Être un pro c’est, pour moi, d’abord un état d’esprit et donc oui c’est lié à la psychologie. 


Round 7 – Brise-nuque

Question de OuiOuiPhoto : Mais pour toi c’est quoi un client potentiel ? 


Réponse de Mickaël : Difficile question, si j’avais la réponse, je serais plus riche. 🙂 🙂 🙂 .Mais disons que sur le papier, un client potentiel c’est juste une personne qui peut être intéressée par un service que l’on propose. Parfois on voit à peu près qui on peut toucher ou intéresser et d’autres fois on est carrément surpris.

Et pour en revenir au gratuit, un client potentiel peut tout simplement être un client qui ne sait pas qu’il faut payer pour une prestation ou un service.

Il y a 30 ans, se payer les services d’un photographe était logique, aujourd’hui c’est discutable et demain ça ne se fera peut-être plus. Donc le client potentiel d’un jour n’est pas celui du lendemain. Mais heureusement, ça peut aussi s’inverser. 


Round 8 – Prise de l’ours

Question de Mickaël : Penses-tu que les gens reconnaissent à sa juste valeur ton travail quand il est livré gratuitement ? N’as-tu pas l’impression d’être pris pour une sorte de simple “service public” finalement ?


Réponse de OuiOuiPhoto. La reconnaissance est souvent quelque chose que l’on recherche. Personnellement je suis sensible à la reconnaissance de la qualité de mon travail. Au niveau de mon vrai boulot, c’est plus que je sois reconnu comme un expert dans mon domaine qui me motive.

Donc au niveau de la formation que je fournis gratuitement, ce qui me motive, c’est de recevoir des mails de débutants qui n’avaient jamais réussi à utiliser Photoshop et qui grâce à moi y arrivent. 

Pour la valeur c’est plus une histoire de « Conviction ». Je gagne confortablement ma vie et je suis assez généreux et partageur.  Donc je ne vois pas l’intérêt de monétiser mes loisirs comme je ne vois pas l’intérêt de partager une addition au restaurant. Ça me fait plaisir de faire profiter les autres de mes compétences et de mes ressources. C’est des fois mal compris, car cela donne l’impression que je veux montrer une « Supériorité », mais chez moi, c’est vraiment du partage. J’étais sur internet avant internet (Compuserve) et cette notion de partage avait de la valeur. J’y suis resté fidèle. 


Round 9 – Coup de bélier

Question de OuiOuiPhoto : Entre le gratuit comme moi sans monétisation (ma cagnotte est au bon vouloir des gens), le pseudo gratuit qui est gratuit pour le client, mais qui ramène un revenu via une monétisation du résultat (vente à des tiers du résultat ou publicité), le gratuit pour ferrer de futurs clients, quel est le gratuit que tu aimes le moins ?


Réponse de Mickaël : Le gratuit que je n’aime pas et qui me semble bon pour personne, c’est le gratuit qui fait croire qu’un service ou qu’un bien vaut 0€. Et ce, même si par des biens détournés ça rapporte beaucoup aux personnes qui sont derrière ces services gratuits. C’est de faire croire qu’un truc est gratuit qui me pose le plus problème.

Un journal, ça ne peut pas valoir 0€, une musique ne peut pas valoir 0€, un film ne peut pas valoir 0€ et bien sûr une photo ou une formation photo non plus !

Ça pénalise toute une chaîne de ce genre de pratique, c’est d’abord latent, puis quand ça explose plus personne ne maîtrise plus rien malheureusement et on se retrouve avec des prix tirés par le bas dans le meilleur des cas et c’est déjà ce que vit le monde de la photo finalement…

Après ça ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire du tout de gratuit dans la vie, mais il faut en mesurer les conséquences, l’intérêt et que ce soit vraiment pertinent. Je pourrais proposer des tirages d’art gratuits, je suis sûr que j’aurais des tonnes de clients. Mais est-ce que c’est plus valorisant pour moi de savoir que plein de gens veulent bien de mes photos parce qu’elles sont gratuites ou de savoir que de rares personnes sont prêtes à mettre parfois plusieurs centaines d’euros pour avoir une de mes photos chez eux ? Comme dirait l’autre imbécile, j’crois la question elle est vite répondue. 🙂 🙂 🙂

Le gratuit va attirer du monde, mais probablement pas les personnes qui seront intéressées par des services payants ensuite, donc je pense que c’est souvent un mauvais calcul. En tout cas je ne conseille jamais à quelqu’un qui se lance dans la photo de proposer ses services gratuitement, parce qu’on s’enferme vite là-dedans et on n’assume plus ensuite de faire payer pour ses prestations. Alors qu’il faut au contraire en être fier et l’assumer à fond parce que c’est tout simplement normal et logique !


Round 10 – Coup de la corde à linge

Question de Mickaël : Selon toi, fournir un service à la hauteur de ce que les clients sont prêts à investir dans ta personne, ce n’est pas généreux ? Et ne penses-tu pas qu’on puisse proposer des services et conseils payants, tout en aidant aussi ponctuellement et gratuitement des personnes en faisant preuve d’une envie de partage et de générosité ?


Réponse de OuiOuiPhoto. Pour moi à partir du moment où l’on est dans une relation commerciale client fournisseur la générosité n’a pas lieu d’être. Un fournisseur qui me fait plus ce que j’ai commandé le fait dans une optique de récupérer le prochain contrat. Rarement par générosité. C’est un petit investissement dans l’optique d’un retour sur investissement.

Pour le mélange payant gratuit, je ne connais pas mal d’exemples. Très souvent, la partie gratuite a quand même pour but d’attirer quelques personnes vers le payant ou de faire une promotion du payant ce qui pour moi me semble tout à fait normal. C’est souvent très mal vécu par certains. Ils accusent celui qui répond gratuitement à 10 questions d’être un « vendu » lorsqu’à la onzième il ose faire la promotion de son livre de formation.

La générosité a des limites. Elle ne doit pas dégrader une situation financière déjà précaire pour certains. Lorsque l’on a décidé de vivre d’une activité la seule priorité c’est de vivre de cette activité. Si on en vie mal et que la générosité n’apporte pas de nouveau client, il faut peut-être réorienter le temps utilisé à être généreux à essayer de trouver d’autres clients

Conclusion

Ceci est ma conclusion. Vous pourrez retrouver celle de Mickaël sur son blog. Merci à Mickaël de s’être prêté aux jeux. J’ai trouvé cela très sympa à faire. 

Je pense que Mickaël et moi sommes d’accord sur le fait que si on fait du payant il faut l’assumer. On assume ses tarifs, on n’en a pas honte et on sait expliquer au client pourquoi c’est comme cela et quelle sera la valeur ajoutée qu’il en retirera.

Mélanger le gratuit et le payant a une certaine ambiguïté et peut facilement amener à des situations malsaines. Soit d’incompréhension de la communauté « Gratuite », soit de concurrence déloyale par rapport à un confrère qui a le même business modèle. 

Si vous avez deux personnes qui tirent leur revenu de la vente de photo, celui qui une fois sur deux la donne gratuitement fera de la concurrence déloyale au premier.

Celui qui fait du gratuit, mais en en tirant des revenus (Monétisation Youtube par exemple) utilise juste un modèle économique différent. On peut remettre en cause ce modèle, mais il existe et est légal. 

Ensuite il reste des gens comme moi qui par conviction font du vrai gratuit. Dans ce cas-là, comme dans le modèle YouTube, ceux qui viennent nous voir n’iront pas forcément voir un système payant si nous n’existions pas et donc je continue à considérer que je ne fais pas de concurrence déloyale.

Je terminerai ma conclusion par ce que je pense de l’avenir du métier de photographe. Si de plus en plus de gens font des photos eux même sans utiliser un photographe pro c’est avant tout la faute des fabricants. Il devient difficile de louper une photo. Ensuite, comme la photo est devenue accessible et qu’il y a tellement de photos prises, il est difficile de faire le tri entre une bonne et une mauvaise photo. En 1960 il y avait 3 milliards de photos prises dans le monde et actuellement c’est 400 milliards.  Il y a eu un nivellement par le bas. Lorsque vous montrez à une personne un beau portrait avec une belle lumière et un beau bokeh soyeux et que vous avez le droit à « C’est nul, c’est tout flou derrière » on voit que l’on ne va pas dans le bon sens 😃. 

Je pense qu’il est encore possible de vivre de la photographie, mais en proposant des prestations sur mesure et polyvalentes mélangeant la photo, la vidéo, le son. Mickaël est un bon exemple de cette diversification. Il est photographe, il est formateur, il organise des voyages, il a appris à piloter un drone, etc..L’UPP a sorti une étude sur le sujet il y a quelques années. Il y aura aussi la photo demandant plus de technicité qui continuera d’exister. Mais l’époque où l’on faisait appel à un photographe pro, car il avait un appareil et savait s’en servir est depuis longtemps révolue. Ceux qui ne s’en sont pas aperçus ont déposé le bilan depuis un moment.

Et finalement les gagnants de ce Fight c’est vous. Vous avez eu la chance de Lire un super Article

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Le pot commun

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37 Comments

  1. Bonjour OuiOuiPhotos et bonnes vacance.

    La différence entre toi et un photographe pro c’est le partage et surement le curseur passion. Quand j’ai repris la photos à ma retraite coïncident avec le premier confinement, je me suis formé à PS et LRC uniquement avec toi, à mon rythme et mon assimilation, également pour la photo avec un autre intervenant. Si cela avait été payant, je ne l’aurais pas fait. Car aujourd’hui, le formations payantes sont très souvent faites par des personnes qui ont un minimum de connaissances et qui croient tout savoir, mais qui n’ont aucune pédagogie. De plus un excellent photographe pro, n’est pas forcément formateur, il te donneras des techniques mais pas son sens de la créativité et son talent qui lui sont propres. Au niveau formation LRC et PS il est très difficile de faire mieux que toi. Par contre pour la photographie, quand je serai arrivé au bout de mes compétences, je ferai peut être un stage avec un formateur photo. Sachons que les photographes professionnels en ne structurant pas leur profession ont ouvert le métier à plein de photographes amateurs se disant professionnels, donc une fuite des clients. De plus avec la mentalité d’aujourd’hui, même quand c’est gratuit les gens veulent de la qualité alors quand tu payes!

  2. Merci OuiOui pour cet échange. Je suis d’accord les clients du gratuit ne sont pas les mêmes que les clients du payant et chacun a ses raisons. Je ne pense pas qu’il y ait de concurrence.
    Personnellement, je ne suis pas prêt à payer pour des cours photos car je pense en connaître correctement les bases. Après c’est une question de temps et de volonté de vouloir s’améliorer et là j’apprécie énormément tes conseils et tutos qui me permettent d’évoluer si j’en prends le temps. Merci à toi, à ton travail et bonne continuation. Un fidèle abonné.

    • J’ai reçu des personnes qui pensaient avoir les bases et parfois c’est pas tout à fait le cas, mais en direct je peux m’en rendre compte. Le tuto en ligne s’en moque lui. 😉
      Je pense qu’un client du gratuit peut devenir un client payant et inversement. Il y a bien sûr des franges de la population qui ne changeront pas de camp, mais d’autres qui le feront pour x raison.

      J’ai des personnes qui n’auraient jamais payé pour une formation photo, que j’ai réussi à tenter et qui maintenant viennent me voir régulièrement et d’autres qui ont testé une fois et qui préfère passer du temps sur YouTube pour des raisons économiques principalement.

      Après clairement, moi je prêche pour le présentiel, mais que ce soit en photo ou pour un cours de cuisine peu importe. Il me semble que rien ne remplace l’expérience. Mais après chacun est libre de choisir le mode qui lui convient le mieux et je n’ai aucun souci avec ça. Comme je le dis dans l’article c’est le fait de plus ou moins faire croire que ça vaut 0€ qui me dérange le plus, parce que ce n’est pas vrai. 😉

  3. La photo est ma passion principale. J’ai commencé vers mes 12 ans cela fait donc plus de 60 ans.
    Je ne les montre plus, car je me suis rendu compte que si on montre des photos, si on participe à des concours comme je l’ai eu fait, j’en arrivais à faire des photos qui en adéquation avec le gout des autres mais pas trop avec le mien.

    J’en ai vendu beaucoup, pour l’argent de poche, pour payer mes études, j’ai fait des photos des photos pour différents magasins de photo, courses de cote, de toros et de taureaux, pour La Marseillaise, j’ai même remplacé l’employé qui faisait le tirage et le développement des clients.

    J’ai pu ainsi compléter mon équipement photo.

    A l’armée j’ai pu être « planqué » photographe du régiment pendant un an de service militaire obligatoire.

    A Paris j’ai été affecté au Service Cinéma Expositions du ministère des Poste et Télécommunications.

    Maintenant que je n’ai plus de difficultés financiarise, je donne mes photos et même les fichiers pour que si elles leur plaisent il puissent commander d’autres tirages.

    Je suis conscient de mes limites, surtout artistiques et en post traitement numérique. Ce n’ai pas l’ordinateur que je pense bien maitriser depuis 1982, (j’en ai assemblé plusieurs avec des composants dédiés photo et non jeu.)
    Si je maitrisais très bien l’argentique (N&B et couleur) j’ai pas mal de lacunes en post traitement des RAW (s).

    Pour moi, au vu de mon expérience, faire des photos pour vendre est incompatible avec la photo personnelle, la photo « plaisir »

  4. C’est un bien beau débat et pour ma part le verdict est match nul.
    Pour mettre mon grain de sel, je considère qu’il n’y a plus de gratuit, il n’y a que du offert et il n’a pas la même valeur. Le gratuit, c’était autrefois, même l’air que vous respirez on vous le vend.
    Le offert façon oui-oui lui procure un plaisir d’ordre éthique tandis que le offert façon Mickael est un effort commercial comme l’indique oui-oui.
    L’économie productive et l’économie associative sont dans de nombreux domaines complémentaires. Le client passe de l’un à l’autre en fonction de l’intérêt pas seulement financier qu’il y trouve.
    Merci oui-oui de partager ton savoir et ton expérience et bonnes vacances.

  5. Bonjour et bonne vacances OuiOui,
    Amateurs et professionnels n’ont pas les mêmes objectifs c’est évident, même s’il partagent la même passion.
    Quand il a la chance d’avoir des revenus suffisants, un amateur ne fait pas, et ne doit pas, faire d’ombre à un pro. Si le plaisir de montrer ses oeuvres à ses proches ne lui suffit pas, rien de l’empêche de partager ses oeuvres gratuitement sur des sites associatifs dont le but non lucratif est avéré (sur une encyclopédie bien connue par exemple). Sites qui de toutes les façons se refusent par charte à payer qui que ce soit.
    Dans cet état d’esprit je remercie vivement OuiOui qui m’a fait progresser et me permet de proposer sous licence libre, des images correctes sans avoir la prétention de créer des chefs-d’oeuvres.
    Bien sincèrement

  6. Bonjour
    Être photographe pro de nos jours doit être compliqué pour pouvoir en vivre à moins d’avoir eu une chance d’être introduit par
    une connaissance ou par des tests dévoilant votre savoir pour être admis dans une filiaire ou une entreprise . Je pense qu’il faut être très motivé et avoir de la niac pour y arriver et tant mieux pour ceux qui y arrive. Bonne continuation dans votre passion.

  7. Merci beaucoup pour cet article ! Je viens donner mon point de vue, qui n’engage que moi : Je pratique la photo uniquement pour le plaisir, je suis retraitée et ne suis pas « née avec l’informatique dans les mains ». Je dois avouer que pour moi l’apprentissage du traitement photo est assez difficile , et jusqu’à présent j’étais très frustrée de toujours « me faire avoir » avec des photographes qui sur le net proposent conseils et formation qui paraissent gratuits mais dès le 1er clic te renvoient systématiquement vers du payant sans même être sûr que cela répondra à mon besoin actuel… Je ne suis évidemment pas contre le fait de payer une formation, mais j’estime que le « minimum vital » pour connaître le fonctionnement d’un APN, des bases de Lightroom ou Photoshop dans un langage clair et compréhensible devrait être accessible à tous sans contrepartie . Je remercie infiniment Ouiouiphoto que je découvre depuis quelques jours pour me permettre enfin d’accéder à ces « géants » que sont LR et Photoshop , et cela m’incite même plutôt à envisager des formations payantes pour aller plus loin dès que je maîtriserai mieux les outils.

    • Il y a aussi des photographes comme moi qui propose un cours dédié pour découvrir le post-traitement et où d’entrée de jeu on connait le programme, la durée et le prix. 😉
      Et quand on a un formateur en face et en direct, que ce soit en présentiel ou en visio, on peut lui dire qu’on ne comprend pas, ce qui n’est pas possible avec les formations photo en ligne. 😉

  8. Merci pour ce passionnant article et merci d’avoir parler de partage. Comparer le savoir et la baguette de pain me semble vraiment une erreur :
    Quand je vend une baguette de pain, je ne l’ai plus.
    Quand je partage mon savoir, non seulement je l’ai toujours, mais les bénéficiaires l’on augmenté par leur remarques et questions.
    Ce n’est pas parce qu’on y passe du temps que cela doit être forcément monnayé. Beaucoup de notre temps n’est heureusement pas monnayé (élever ses enfants, rencontres entre amis, nuit d’amour avec sa chérie … ).
    Ceci dit, je me pose souvent la question de la concurrence déloyale dans mes activités de photographe de modèle. J’ai refusé des collaborations avec des marques et des magasins mais accepté avec une maquilleuse pro.
    Notre club photo a refusé de fournir des photos à l’Intermarché du coin pour sa vitrine et l’avons aiguiller vers un photographe pro mais une autre association n’a pas eu ce scrupule.
    Bref le soucis de ne pas faire de concurrence au pros quand on est amateur n’est pas si simple.

    • Dans ce cas, je propose qu’on arrête de suite de payer les profs de l’éducation nationale ou tous les formateurs…
      On peut vendre un produit comme un service. Ce n’est pas parce qu’on ne peut pas soupeser un service qu’il ne vaut rien, sinon là on remet en cause des tas de métiers… Pourquoi payer le médecin, après-tout il ne fait pas souvent quelque chose directement et on ne part avec rien dans les mains… 🙂
      En tout cas personnellement je ne peux pas adhérer au fait qu’en donnant du savoir on y gagne, parce que c’est évidemment faux. Alors si bien sûr ça me fait progresser je ne peux pas le nier, mais ce n’est pas ça qui représente le vrai échange contre le service que je fournis. 😉

      Pour ce qui est des clubs photo, oui effectivement c’est aussi des concurrents déloyaux et c’est un système très vicieux parce que certaines mairies font même pression sur le fait de laisser un local en échange de services photo. Bien évidemment, les photographes installés dans les villes qui fonctionnent comme ça se font très largement entuber et c’est violent pour eux…
      Le souci de faire concurrence s’arrête simplement à partir du moment où la question se pose je pense. 😉

  9. La raison est de part et d’autre, la personne intéressé par le gratuit ne fera jamais recours à un service payant. Et c’est là que pro se trompe et pense qu’il perd une part de revenu. Ce n’est pas parce que l’on perçoit un revenu que le travail est bon où excellent.Le service gratuit procure une satisfaction importante au prestataire aussi. Les utilisateur des services payant où gratuit sont radicalement différents. Les personnes ayant recours à un service payant sont bien plus exigeant et peut être connaisseur que les personnes qui préfère le gratuit qui eux reçoivent un service qu’ils sont incapable d’effectuer eux même par manque de connaissance où de matériel.

    • Je ne sais plus si j’ai déjà répondu à ce commentaire ou pas, mais au cas ou, je rajoute qu’il est totalement faux de croire qu’une personne qui prend du gratuit est moins exigeante qu’un personne qui paye. C’est même totalement l’inverse.

      J’ai même augmenté certaines de mes formations pour cette raison. tout simplement parce que la personne qui investie dans un bien ou un service va se sentir plus concernées, être plus à l’écoute et mettre toutes les chances de son côté pour que ça fonctionne bien. Et ça marche du tonnerre !!!
      En revanche, je ne fais pas de gratuit, mais il y a des cartes cadeaux sur mon site et quand une personne vient parce qu’on lui a payé une formation pour son anniversaire ou Noël et bien parfois la différence est énorme au niveau de l’implication et du résultat.

      Et pour les gens qui me posent des questions et à qui je propose un forfait d’accompagnement quand ça commence à me prendre du temps à répondre et bien celles qui sont honnêtes intellectuellement sur ce qu’elles me demandent en service prenne ce mini forfait sans problème et avec plaisir, là où ceux qui veulent gratter juste du gratuit et se servir de moi fuient très loin. 😉

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