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Comment éviter les pièges de la macro à fort grossissement.

Suite à différentes discutions que l’on a eu sur le Forum OuiOuiPhoto je me dis que cela serait bien de vous parler des deux ennemis de la Macro a fort rapport de grandissement j’ai nommé la perfide diffraction et l’affreux flou de bougé. Vous ne gagnerez pas forcément contre ses deux ennemis mais ils peuvent au moins s’apprivoiser.

 

 

Introduction

La macro pour les puristes c’est lorsque vous atteignez le rapport 1:1. Cela veut simplement dire que si vous photographiez un timbre qui fait 24mm X 36mm avec un appareil a capteur Full Frame il prendra la totalité de le surface de la photo. Ce que j’appelle la macro a fort rapport de grossissement c’est lorsque vous allez au-delà de ce rapport. Il existe différente manière d’y arriver.

  1. Avoir un objectif qui le permet. A part le MP-E 65 chez canon je crois que cela n’existe pas dans d’autres marques.
  2. Mettre une bonnette devant son objectif. C’est une sorte de loupe qui permet de réduire la distance de mise au point
  3. Mettre entre le boîtier et l’objectif des bagues allonges. C’est des tubes creux. Cela permet aussi de réduite la distance de mise au point. On peut aussi utiliser un soufflet. C’est le même principe
  4. Utiliser un doubleur de focale pour avoir un objectif qui grossi plus
  5. Utiliser un objectif inversé comme une loupe
  6. Un mélange d’un peu tout pour aller encore plus loin 😉

La diffraction

Je ne vais pas vous faire un cours sur la diffraction ici mais il faut savoir que généralement cela dépend de l’objectif mais aussi du capteur de votre appareil photo et plus précisément de la taille de chaque photosite.  Donc la première chose que vous devez faire lorsque vous commencez la macro  à fort grossissement c’est de caractériser cette diffraction par rapport à votre matériel (Objectif Macro, Objectif normal + Bonnette ou Objectif normal + Bague allonge, etc..). Pour faire cela c’est simple. Vous prenez votre matériel et vous le mettez sur trépied. Vous le réglez en mode A ou Av à  100 Isos et à l’ouverture la plus grande possible. Vous visez un sujet qui a des bords assez francs ou des détails fins. Vous faites une mise au point le plus précisément possible (le mode live view avec la loupe en X10 est une bonne méthode). Vous prenez une photo. Ensuite vous fermez au fur et à mesure. Éventuellement entre chaque prise re-vérifiez la mise au point.

DiffjpgLa diffraction provoque une espèce de mollesse dans les détails. Regardez ce zoom sur une lettre imprimée sur un flacon. A gauche c’est F/4 et à droite F/16. On voit bien qu’à F/16 c’est très mou. C’est la diffraction qui provoque cela

Il est important de refaire cette mesure à chaque rapport de grandissement. Donc si vous avez un objectif macro et des bagues allonges ou une bonnette je vous conseille de faire  la manip avec l’objectif seul et avec les bagues allonges. Comme cela vous serez ce que votre couple boitier et objectif  est capable de faire suivant les différentes configurations. Attention dans des rapports de grandissements supérieurs à 1:1 il faut être  précis dans vos prises de vue. Avec mon Macronator (MP-E 65 de canon) et mon 50D  j’ai un tableau qui ressemble à cela

 

Qualité du piqué
Ouverture F/2,8 F/4.0 F/5,6 F/8 F/11
Rapport 1:1 SmileyJaune SmileyVert SmileyVert SmileyVert SmileyJaune
Rapport 2:1 SmileyJaune SmileyVert SmileyVert SmileyJaune SmileyRouge
Rapport 3:1 SmileyJaune SmileyVert SmileyJaune SmileyRouge SmileyRouge
Rapport 4:1 SmileyJaune SmileyJaune SmileyRouge SmileyRouge SmileyRouge

 

A noter que dans ce tableau la colonne F/2,8 est en jaune car mon objectif pique moins à F/2,8 qu’à F/4

« Mais OuiOui. Comment je fais si je veux une grande profondeur de champs à un rapport 3:1 avec un super piqué ? ». La réponse à cette question c’est ce que l’on appelle le focus stacking. Plusieurs photos prises en déplaçant légèrement l’appareil que l’on rassemble après. Mais  c’est une autre histoire que je vous raconterai peut être un autre jour 😉

Donc en attendant ne demandez pas à votre matériel de faire ce qu’il n’arrivera pas à faire car vous serez déçu. Je préfère une photo avec une profondeur de champs faible mais ou la partie nette est bien nette qu’a une photo avec une profondeur de champs plus grande mais où tout est mou.

Le flou de bougé

TrepiedPour éviter le flou de bouger il y a deux méthodes. La première c’est d’utiliser un trépied. Ça marche mais cela a des contraintes. C’est encombrant. Il faut le positionner sans que l’insecte s’en aille. Si l’insecte bouge un peu il faut rechanger la mise au point, S’il y a du vent il faut mettre un paravent, etc, etc. Mais on peut faire des choses très sympas avec un trépied. Personnellement je préfère sans

Alors comment éviter le flou de bougé avec de gros rapports de grandissement et à main levée. Là, il n’y a plus le choix. Il faut déjà être assez stable mais comme cela ne suffit pas il faut aussi diminuer le temps de pose. Le problème c’est que lorsque vous dépassez un rapport de grandissement de 1:1 avec un objectif comme le MP-E 65 ou avec un objectif et des bagues allonges c’est que vous perdez de la luminosité. Donc il faut diminuer le temps de pose tout en aillant la luminosité qui baisse. Ce n’est pas très pratique. Généralement on baisse le temps de pose lorsque la luminosité augmente. Là encore, il y a différentes manières. La première c’est de monter les ISOs. Mais si vous avez un appareil à capteur APS-C vous ne pourrez pas aller bien loin. Le bruit va apparaître. Donc comment faire ?

FlashLa solution c’est de n’éclairer la scène qu’un temps très court en utilisant un flash. C’est le principe utilisé en High Speed Photographie (Photographie d’un ballon rempli d’eau qui explose lorsqu’il est traversé par une balle par exemple) à ne pas confondre avec le mode HSS (High Speed Synch) des flashs.  Alors je vais essayez de vous expliquer cela.   Lorsque vous utilisez un flash vous avez remarqué que cela fait un éclair et la durée de cet éclair dépend de la puissance que vous demandez au flash. Donc si vous demandez à votre flash d’éclairer à pleine puissance vous aller avoir des éclairs de l’ordre de 1/100s. Mais si votre flash n’éclaire qu’a 1/32 de sa puissance votre éclair va être de l’ordre de 1/2000s voir beaucoup moins. Et si votre flash est la source principale de lumière c’est comme si vous aviez un temps de pose de 1/2000s ce qui est pas mal pour figer un mouvement et éviter un flou de bougé.

Essayons de décomposer tout cela avec un temps de pose réglé à 1/200s et un flash qui fera un éclair de 1/2000s

  1. Vous appuyez sur le déclencheur
  2. L’obturateur s’ouvre pour une durée de 1/200s (0,005s)
  3. La lumière commence à rentrer dans votre objectif et à atteindre le capteur. Mais comme vous avez perdu pas mal de luminosité avec les bagues allonges par exemple cette lumière n’est pas suffisante pour exposer la photo correctement
  4. L’éclair de flash se produit et éclaire donc la scène pendant un temps très court (1/2000s soit 0,0005s). La puissance de cet éclair est suffisante pour exposer correctement la photo.
  5. L’obturateur est toujours ouvert mais comme vous avez perdu pas mal de luminosité avec les bagues allonges par exemple cette lumière n’est toujours pas suffisante pour exposer la photo correctement
  6. au bout de 0,005s l’obturateur se ferme

Alors une question. Quel a été le temps de pose réel ? Allez. J’attends…qui a dit 1/2000s ? Bien ! C’est la bonne réponse. Le capteur a reçu de la lumière pour exposer correctement la photo pendant 1/2000s.

Cette méthode à un inconvénient. Toute la lumière doit venir du flash (au moins pour l’insecte).  On peut voir des montages sur le net avec 3 flashs. Un pour le fond, un autre pour un côté de l’insecte et le dernier pour l’autre côté de l’insecte. C’est un peu comme de la photo en studio. On modèle la lumière avec les flashs à part que la, c’est une sorte de studio portatif.  La durée de l’éclair dans cette méthode est importante. Tous les flashs ne donnent pas les mêmes résultats. C’est pour cela que je déconseille, par exemple,  l’utilisation de flash a LED bon marchés qui vont éclairer beaucoup plus longtemps qu’un éclair de flash.

Voila. Vous savez maintenant comme combattre la perfide diffraction et l’affreux flou de bougé pour faire des photos à des rapports de grandissement supérieurs à 1:1 et à peu près nettes avec du piqué. J’ai deux ou trois exemples ici

https://www.ouiouiphoto.fr/NewGalerie/Lightroom/NewInsectes/index.html

grin

 

 

 

 

 

 

13 Comments

  1. Bonjour, ravi de voir un article sur ce sujet. Je suis curieux : as-tu prévu des articles complémentaires sur l’usage du flash en macro où la distance entre le sujet et l’appareil est un peu plus importante, car du coup la lumière ambiante va influer un peu plus sur l’équilibre ? Et sur la manière de l’utiliser : déporté, avec cable, radio…
    Merci.

    • A prioris non. Je fais de la macro avec un MP-E est un flash MT 24 EX. C’est quand même du matos très spécialisé. Si je commence a faire des tuto la dessus ca va interesser peu de monde. Par conter si tu as des questions plus spécifiques le forum est la pour cela 😉 https://forum.ouiouiphoto.fr

  2. Merci ouioui pour ces explications, et la stabilisation optique ? Est-ce pratique ? indispensable ou un luxe ?

    • Sur mon 100 Macro je suis stabilisé. Sur le MPE je ne le suis pas. Je vois donc la différence. Pour la visée a main levée c’est très pratique. ET pour de la photo en lumière naturelle aussi. Donc presque indispensable 😉

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